₪ Vie IRL ₪ Hello les croquinous ! Vous pouvez m'appeler Wan. Je suis très curieux d'une chose : dans les sujets tabous des vampires (là) le paragraphe se termine par une phrase mystérieuse : "et en Asie, ils y vouent en..." J'aimerais vraiment bien savoir la suite ! + You put a spell on me.

₪ Quand le vieux lion perd ses dents, ou quand ses sujets en font courir la rumeur, ils ont tôt fait de tenter leur chance pour s'emparer du trône et endosser sa peau ; ce bon vieux La Fontaine aurait dû nous écrire un poème à ce sujet... et le terminer par une jolie maxime sur ce qui arrive lorsque le lion s'avère avoir encore ses crocs. Dans ma jeunesse, trois couronnes sous mes yeux se sont vues confrontées à pareille tentative, et une seule s'est maintenue. Mais tout cela ne vous intéressera pas. A moins que si ? N'hésitez pas à venir me questionner sur ce sujet, dont je vous parlerai volontiers pendant des nuits entières. Tout est encore si frais dans mes souvenirs... il est vrai que le musée où je travaille semble tout faire pour raviver ma mémoire.

Vaincu lors de la bataille de Blanche Montagne, mon père était surnommé le Roi d'Hiver ; nous vivions en Bohème, moqués et abandonnés de nos alliés. Quand ma famille dut fuir la Cour de Prague, je fus presque oublié, mais un courtisan me jeta à bord de la calèche juste à temps. Ma mère préférait son singe de compagnie et ses chiens. Mon frère se préparait à hériter de ce froid royaume fantôme, tandis que j'apprenais, sous la garde d'un couple de gouvernants français, rescapés des guerres de religions, toutes sortes d'arts et de sciences avec une passion dévorante. J'avais besoin de distractions, un besoin terrible.

Mon père mourut des fièvres et fut enterré dans une tombe anonyme ; je n'avais que treize ans. Le Roi d'Angleterre, notre oncle, m'accueillit à sa cour et me donna immédiatement une éducation militaire, où mon tempérament acharné s'épanouit. La Veuve d'Hiver avait ses admirateurs, et leur soutien financier me mit vite à la tête d'un régiment. Je n'avais même pas vingt ans quand je fus capturé par l'ennemi et jeté en prison, auprès du Saint Empereur Romain Germanique qui possédait désormais mes terres ancestrales de Bohème. Son jeune frère Léopold surtout venait me visiter, et nous découvrîmes que nous avions beaucoup en commun.

Ma mère était inquiète : mes geôliers n'allaient-ils pas me convertir au catholicisme ? Vous voyez ses priorités. On m'offrit deux chiots, un blanc et un noir, que je dressais à la chasse plutôt que de répondre à ses lettres. Je me promettais, sitôt ma libération, de me procurer un singe plutôt que d'aller la saluer. Je poursuivis mon instruction depuis ma cellule, qui respectait les égards dûs à mon rang, et je séduisis la fille du geôlier, naturellement. On me promit terres et titres, et charges militaires, si je rejoignais le parti catholique. Je refusai. Mais j'embrassai la main de l'Empereur qui m'avait si bien traité, et je fis le serment de ne plus jamais porter les armes contre lui.

J'avais mieux à faire. La guerre de religion mettait maintenant l'Angleterre à feu et à sang, et mon oncle le Roi était menacé par ses propres sujets. L'Empereur me laissa rentrer à Londres, dans ce pays de brumes qui était désormais le mien. Je faisais peur ; j'étais réputé immature, chaotique, extravagant, sans limites et sans pitié. Je chargeais à travers les lignes ennemies avec le panache terrifiant des preux fous de jadis. J'avais de terribles querelles avec les courtisans obséquieux qui ne disaient jamais vraiment ce qu'ils pensaient. Je me fâchai avec mon oncle pour défendre un agent double auquel j'étais fort attaché, et fus démis de mes fonctions pour mon entêtement ; la réconciliation ne tarda pas.

Mais comme l'ancêtre illustre de ma mère, la reine Mary Stuart, le Roi des Brumes fut capturé et décapité. Lors de la première bataille, l'ennemi avait tué mon chien noir ; lors de la dernière, mon chien blanc. Je fus réduit à fuir et portai la guerre en Méditerrannée, puis dans le Nouveau Monde. Et comme je vous l'avais décrit, des trois lions trahis sur ma route, seul le Roi Soleil avait conservé son titre malgré les frondes. Il abritait le fils de mon pauvre souverain, en un exil doré. Je recevais des lettres de ma famille, qui me conjurait de déposer l'épée un temps, d'abandonner cette cause perdue, et de me marier, d'engrosser au moins ma femme de quelques héritiers convenables ; ensuite seulement j'étais autorisé à mourir.

Cette attitude me mit en fureur. J'avais tellement mieux à faire ! Des fleuves exotiques à explorer. Des artistes à mettre dans mon lit. Des machines à inventer... Mon corps vieillissait cependant, et mes errances y apposaient leur marque, et j'avais déjà engagé un sosie à me substituer au cas où je trépasserais d'une fièvre impromptue ; je me doutais que lui-même attenterait tôt ou tard à mes jours, et peut-être était-ce au fond ce que je souhaitais. Quelle meilleur visage que le mien, taché de mon noble sang, pourrais-je contempler au moment de quitter ce monde ? Cet homme était un vulgaire acteur échappé des geôles australiennes, un perroquet capable de copier tous les accents et lorsque je disparus dans la nuit, ce fut lui qui endossa mon identité et poursuivit mes œuvres ; et c'est lui qui repose désormais dans le caveau familial.


₪ C'est ici que tu contes l'histoire de ton personnage. N'oublies surtout rien. Son enfance, son adolescence, ses relations avec sa familles, ses rêves, ses ambitions .... Ni des derniers évènements survenus dans le contexte ou en intrigue ! On veut tout savoir !


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